one step more ((steve))

Oh, Tony savait ; il eut un léger grognement : son père aurait sûrement explosé en sachant que son fils, seul héritier, était tombé amoureux d'un homme. Autres temps, autres moeurs, peut-être. Il savait en tout cas que le Stark paternel aurait trouvé de quoi redire de ses choix, quels qu'ils soient. C'était là l'inconvénient : papa voulait que son fils devienne un génie. Tony avait juste élargi la définition à d'autres choses. « — Qui sait. »  Il dit cela d'un ton pensif. Mais Steve ne savait pas de quoi il parlait. Il ne savait pas que Tony nourrissait des sentiments pour lui. Tony repoussa les images qui lui venaient - sa mère aurait-elle cautionné son penchant pour le héros de l'Amérique ? Il n'en savait rien, à vrai dire. Est-ce que cela importait ? Pas vraiment. Ses parents étaient décédés ; il les gardait dans son coeur, mais la seule personne dont l'avis l'intéressait était devant lui. Et il n'aurait pas le courage de lui avouer quoi que ce soit. Au moins, sa blague au sujet des points fit rire Steve et allégea l'atmosphère. « — Y'a une carte de membre, quand tu atteins les cent points, tu as une surprise. » Comme un ours en peluche. Ou un dîner. Ou un baiser. Ou ... Stop. Steve fit semblant d'être outré de sa remarque et Tony lui rendit son sourire amusé. « — Je sais, je suis un vrai tyran. Aucun respect pour les clients. »

Tony retrouva enfin l'endroit qu'il cherchait et, spontannément, refusant de réfléchir plus, il emmena Steve à l'un de ses endroits préférés de la ville. Une petite bulle de lumière et de nature. En pleine nuit, cela avait des allures d'un autre monde. Il avait énormément de souvenirs ici ; sa mère et lui sur un banc, alors qu'il lui faisait la lecture, et les glaces, et les rares moments de complicité avec son père, quand il était là. Tony en révéla un peu trop à son goût, mais cette soirée était sous le coup des révélations semblait-il. Pourtant, il ne s'était pas attendu à ce que Steve refuse d'emmener son futur compagnon ici ; la façon dont il dit que cet endroit était à lui ému Tony. Oui, ce lieu était à lui, mais il avait été prêt à le donner à Steve. D'une certaine manière, c'était presque une déclaration d'amour, à ses yeux. Cet endroit signifiait pour lui douceur, calme et famille, un endroit où il avait été aimé, de maintes façons. Il aurait aimé pouvoir s'ouvrir à Steve sur la façon dont il aurait aimé que ce lieu devienne le leur. Le blond s'installa à ses côtés et Tony tourna légèrement le buste vers lui, tête penchée du côté du blond pour ne pas le quitter du regard, par-dessus ses lunettes, alors qu'il lâchait sa phrase qui lui déchirait le coeur. Quand Steve accepta l'idée, émettant l'hypothèse qu'il puisse embrasser quiconque ici, Tony retint un grognement. La question le laissa un instant silencieux avant qu'il ne réponde ; « — Non. Disons que cet endroit me paraissait trop important pour y emmener quiconque. » Il parlait volontairement au passé - comme pour dire, quiconque avant toi ; jusqu'à ce soir, il n'avait pas songé partager ce lieu avec personne. Mais maintenant, y voir Steve à côté de lui, c'était aussi naturel que de respirer. Malgré lui, il tourna le visage vers Steve, observant la lumière dorer son visage de reflets. « — Disons que cet endroit est à nous, maintenant. » La façon dont il incluait Steve prouvait, à ses yeux, combien il comptait pour lui. Il espérait qu'il comprendrait. Tony sentait son coeur battre contre ses côtes ; il devinait la légère luminosité contre son torse, comme un preuve rythmique et visible de son émoi. Il décroisa les jambes et effleura la cuisse de Steve - toujours aussi volontairement, aussi ardent. Il n'espérait plus rien, à dire vrai, que simplement profiter de cette fin de soirée avec Steve.

Que l'ambiance ce soit allégée, c'était agréable et réellement plaisant. Tony savait que parfois, de sombres émotions, de sombres pensées pouvaient couver, ici ou là, sous son crâne ou celui de son aîné. Mais qu'ils puissent continuer à rire et à trouver de quoi s'amuser, c"était précieux. « — Quatre-vingt douze, exactement, monsieur Rogers. Encore quelques tampons, et vous gagnez le gros lot. » Quelles esbrouffe. Il n'aurait jamais le culot de tenter quoi que ce soit, parce qu'il ne voulait pas blesser Steve. Tony avait beaucoup de choses aux prix coûteux, mais ce qui lui était le plus précieux, c'était des gens comme Steve. Le blond était tout en haut de son monde, sans qu'il en ait seulement conscience. Il était solaire et brillant. Sa simple compagnie aurait pu altérer le jugement de Tony, tant il était distrait ou pensif alors que Steve traînait dans le coin. Cela aurait peut-être été un problème en combat. Mais pas ici. Là où Tony n'avait pas besoin de s'en faire pour lui et pouvait, à loisir, l'observer, le contempler et songer à lui.

Si près, et pourtant, si loin. Malgré leur proximité, sur ce banc, c'était comme si le cosmos tout entier les séparait. Il n'était assez brave que pour effleurer le genou de Steve, à peine assez courageux pour le regarder dans les yeux. A peine assez fou pour oser dire nous. Tony cherchait quelque chose à ajouter, craignant que Steve n'ait été troublé, de la mauvaise des façons, par ses propos, quand il le vit se pencher vers lui. Il n'y crut pas, s'imaginant qu'il voulait juste lui parler, jusqu'à ce que leurs souffles se mêlent et leurs lèvres se scellent, alors que la main de Steve se posait sur sa joue. C'était léger, chaud, sucré. C'était tendre. C'était bon. Tony en eut la respiration coupée, l'anticipation n'ayant été que la demi-mesure de ce que ce baiser était réellement. Cela provoqua des chocs en lui, comme des tremblements de terre charnels, il sentit la chaleur en son corps, au point qu'il craignit de faire de la vapeur. Il répondit légèrement au baiser, n'y croyant toujours pas. C'est quand il vit Steve se redresser qu'il réalisé. C'était vraiment arrivé. Il n'arrivait pas à décrocher son regard de lui, comme s'il avait eu un choc si profond qu'on lui avait coupé le sens de la répartie ou toute possibilité de réagir. Steve mit les choses au point en clarifiant les choses.

C'était l'effet d'une bombe. Toute cette soirée, tout ces compliments ? Tony baissa les yeux, les releva rapidement et après avoir inspiré pour se calmer - en vain - il s'efforça de répondre. « — Merde. J'aurai dû le deviner. Notre longue amitié, nos hauts et nos bas ... Tout ce que tu as dis - je ne concorde pas tout à fait avec ta vision des choses mais ... » Il secoua la tête, lentement ; il n'en revenait pas, et tout était pourtant si logique. Ils se connaissaient depuis belle lurette, et leur amitié avait été si précieuse, dans leurs moments durs comme leurs moments les meilleurs. Tony réalisa que Steve attendait sans doute quelque chose de mieux de sa part qu'un merde j'aurai du le savoir. Il se sentait plein d'un pouvoir que lui conférait Steve - non pas la puissance ou la force, mais simplement la confiance qu'on plaçait en lui, l'amour qu'on lui offrait.

« — Je suis content que tu te montres un peu égoïste, pour une fois. Bien. Maintenant que j'ai retrouvé mon souffle, il me faut trouver comment te répondre. Il est difficile de trouver les mots, alors les actes en sont les meilleurs témoins. » Et, écho de Steve, il vint chercher un baiser - moins léger, plus profond, lèvres contres lèvres, un peu avide d'avoir attendu tant de temps, de cette impatience que la soirée n'avait pas cessé d'attiser. « — Ai-je le droit de confesser que j'ai pensé à t'embrasser toute la soirée ? »  Il murmure, contre leurs bouches, avant de rire tout bas et d'offrir un dernier baiser, avant de se reculer, les joues cramoisies. « — J'ai bien cru que le gage que tu demanderai, la dernière fois, c'était ça - un baiser. » Tony eut un sourire, rempli d'une espèce de fierté, d'une joie que rien ne pouvait contenir. « — Merde, j'ai encore du mal à y croire. Tu as donc des sentiments pour moi. Je ... » C'était difficile pour lui d'avouer la même chose, parce qu'il ne venait pas d'une famille où dévoiler ses émotions était la plus facile des choses. « — Je ne me suis pas forcément épanché là-dessus mais je partage tes sentiments, Steve. Je pense que tout ça, entre nous, c'est devenu plus ... Et que ton retour a juste mit ça en relief. » Il soupira et gratta sa joue d'un pouce distrait ; il sentait encore le goût sucré et chaud contre ses lèvres. C'était stupide, mais il se sentait comme un adolescent. « — Et si je devais faire une dernière remarque, tu n'embrasses pas si mal » fit-il, mais il n'était que gentimment moqueur ; il voulait juste démontrer à Steve que son expérience ne lui importait pas du tout. Qu'il se fut s'agit de son premier baiser n'aurait eu aucune importance - c'était leur premier baiser, et c'était ça qui comptait. « — Mais je pense qu'on va devoir bosser dessus. Au cas où. » L'air espiègle, un rien coquin. Maintenant que la situation était éclaircie, il retrouvait son bagou et sa malice habituels. Maintenant qu'il savait que Steve était à lui.  

Tony avait espéré ce geste depuis longtemps. Il n'avait cessé d'y songer depuis le début du dîner, la soirée avait alimenté son imagination, et à présent qu'il pouvait tester la réalité de ce simple geste, il sentait tout son corps réagir. Cependant, la situation demandait du self-control et un peu de calme, non qu'il sautât sur Steve. Même s'il ne désirait que cela. Steve n'avait aucune idée de ce que cela avait réveillé en lui. Et de toute évidence, il n'arrivait pas à être assez clair. Le brun ressentait une espèce de force, de puissance à se savoir aimé. Par Steve. Le choc courait encore dans ses veines, et il avait du mal à comprendre encore. Il sourit quand Steve répondit à sa phrase. Mais trêve de mots - Tony préférait laisser ses lèvres parler, métaphoriquement parlant.

Il avoua également que leurs retrouvailles, notamment le combat et la victoire de Steve, aurait pu être l'occasion de ce baiser. Qu'il avait été déçu, quand Steve n'avait pas pris cette opportunité. Tony continua doucement sur sa lancée ; avouer de telles choses, c'était aussi étrange que vulnérable, pour lui. « — Exactement. J'ai déjà une idée claire et précise du programme à suivre. Tu as intérêt à être sage et à bien apprendre tes leçons » fit-il, d'un air faussement autoritaire et professoral, un large sourire aux lèvres. Et ledit programme risquait de leur plaire - à tous les deux. Mais il n'allait pas troubler Steve plus que de raison, ils allaient prendre leur temps. Même si les entraînements risquaient d'avoir une autre saveur - il est si facile de glisser, dans ce genre de situation. La question de Steve ramena Tony à la réalité et il posa un regard intense sur le blond. « — Oui. Je pense chaque chose que j'ai dite. Je ne pense pas te mériter, je ne savais même pas pouvoir être attiré par quelqu'un comme toi : solaire, bon, doux et protecteur. Tu es empli de qualités qui me donnent envie de m'améliorer. Tu l'as d'ailleurs fais - ces dernières années n'ont été que meilleures, parce que tu étais à mes côtés, et je suis devenu un homme meilleur. Je te trouve charmant, incroyablement séduisant dans ce costume, et tu es sûrement la plus belle âme que j'ai jamais connue » dit-il avec une franchise désarmante, même pour lui-même.

Il haussa les épaules en continuant d'observer Steve ; leur légère différence de taille lui faisait lever la tête vers le blond. Il aurait aimé plus de lumière, pour discerner les si beaux yeux du soldat. « — Si je réfléchis quelques minutes, je réalise que nous n'avons cessé de lâcher maints sous-entendus durant toute la soirée. C'est amusant - nouvelle confession, j'étais affreusement jaloux. Je pense que je n'aurai pas supporté te voir avec quelqu'un d'autre, mais j'étais pourtant parti pour t'aider. Parce que, qu'importe avec qui tu trouveras le bonheur, tant que tu es heureux. » Il eut un petit air amusé, habituel sur son minois charmeur : « — Même si je pense que tu fais le meilleur des choix en me prenant, moi. » Il eut un petit grave avant de s'avancer à nouveau ; il déposa sa main droite à la jonction de l'épaule et du cou de Steve et maugréa doucement : « — Mon dieu, tu es si grand » et, s'élevant sur ses pieds, il vint à nouveau embrasser Steve, comme pour donner plus de réalité à tout cela. « — Alors, que penses-tu des second, troisième et quatrième baisers de ta vie, mon cher ? » demanda t-il avec son sourire en coin, appréciant le contact sous ses doigts de la peau de Steve, leurs torses presque collés, leurs barbes qui chatouillaient leurs peaux respectives.